Première impression de Lyle’s dès l’arrivée? La luminosité presque blanche, les tables bien espacées, et le nombre important de convives un lundi au déjeuner à une heure tardive pour les anglais. Le service est affable, le pain de campagne croustillant et le beurre, fermier, servis dès l’arrivée. La carte invite à choisir des assiettes à picorer les unes après les autres. A la lecture des premiers intitulés, c’est assez terrien. L’anguille fumée s’acoquine du kale en pickles, la queue de boeuf  a cuit pendant des heures, le suc de la viande est réduit et sirupeux, le crumpet est imbibé de jus, seul une sauce herbacée très chlorophylle  apporte un brin de fraîcheur. Des goûts affirmés et des plats nourriciers.

Certains font  même sourire à l’instar de ces peaux de topinambour confites et caramélisées qui servent de contenant à une crème de fromage cuite au goût sacrément viril. On mange ça à la cuillère, avec du pain, comme un dip, on ne sait pas trop, la version de la fondue anglaise, peu importe, c’est culoté, et ça fait du bien. Seules les moules grillées, simplement ouvertes à la chaleur du charbon ardent, calment un peu le jeu. Elles sont drôlement charnues, un délice. A ce stade, on aurait pu s’arrêter là, mais piqués de curiosité, on a pris un format plat. La bavette  de boeuf littéralement sur-titrée “dexter”  est accompagnée de betteraves rôties, de pickles de noix et d’un jus presque sucré sanguinolant. Au-delà du visuel assez graphique et d’une viande à la cuisson au cordeau, c’est un poil monotone. On s’amusera beaucoup plus avec la tarte poire amande et glace au lait, à la pâte tiède et sableuse,  et à l’appareil bien dense.

Irrésistible. Tout comme l’adresse de James Lowe, où on se plait à revenir à chaque virée londonienne. Presque une version contemporaine du Saint John d’Henderson, une référence.